Le sabbat

Le sabbat ne dépend pas de notre aptitude à nous arrêter. Nous ne nous arrêtons pas quand nous avons fini. Nous ne nous arrètons pas quand nous avons terminé nos appels téléphoniques, bouclé notre projet, quand nous sommes parvenus au bout de la pile de messages ou avons sorti ce rapport qu’il faut rendre demain. Nous nous arrêtons parce qu’il est temps de s’arrêter.

Le sabbat requiert l’abandon. Si nous nous arrêtons quand nous avons fini tout notre travail, nous ne nous arrêterons, jamais -— parce que notre travail n’est jamais complètement terminé. Chaque tâche accomplie appelle de nouvelles responsabilités. Si nous refusons de nous reposer parce que nous n’avons pas fini, nous ne goûterons pas au repos jusqu’à notre mort.

Le sabbat dissout l’urgence artificielle de nos journées parce qu’il nous libère de la nécessité de terminer. Nous arrêtons parce qu’il y a des forces plus grandes que nous qui prennent soin de et bien que nos efforts soient importants, nécessaires et utiles, ils ne sont pas indispensables (et nous non plus). La galaxie se débrouillera sans nous pour cette heure, ce jour et ainsi sommes-nous invités — que dis-je,
sommés – de nous détendre, de profiter de notre relative insignifiance, notre humble place dans un monde immense.

Jésus nous a rappelé, encore et encore, de ne pas nous inquiéter
du lendemain. Que le travail de ce jour suffise.

Le sabbat dit : Reste tranquille. Arrête. Rien ne presse pour atteindre la fin, puisque nous n’avons jamais terminé.
(Wayne Muller)